Gersau - une singularité historique en Suisse et en Europe
1359
Le 31 août 1359, Gersau a conclu une alliance avec Uri, Schwyz, Unterwald et Lucerne en tant que "lieu associé", comme par exemple le couvent d'Engelberg ou les villes de Bienne, Mulhouse, Rottweil, etc. Gersau a reçu la protection et le patronage de ces quatre Etats de Suisse centrale. En contrepartie, la petite communauté villageoise a rempli fidèlement et consciencieusement ses obligations d'alliance envers la Confédération.
1390
Le 3 juin 1390, Gersau se rachète de l'hypothèque et du pouvoir baillival des Habsbourg en versant une somme de 690 livres sterling. De ce fait, les droits du bailliage, les droits fiscaux et la juridiction revinrent aux habitants de la cour de Gersau. Gersau devint une commune libre, non gagée, et fit en même temps librement partie de l'alliance de la Confédération.
1433
Le 31 octobre 1433, Gersau a reçu de l'empereur Sigismund la confirmation documentaire des anciennes libertés et privilèges. En tant que commune immédiate, Gersau a été placée directement sous la protection de l'empereur allemand. C'est ainsi que commença en fait l'histoire de la communauté villageoise de Gersau en tant qu'État libre et république au sein de la Confédération et en Europe.
1436
Le 28 juin 1436, Gersau organisa sa vie étatique communale avec son propre droit de cour et de mariage, valable et applicable uniquement dans la République de Gersau.
Gersau - premiers rapports de domination Le couvent de Muri en tant que seigneur ecclésiastique
La première mention écrite de Gersau se trouve dans le livre des fondateurs du couvent de Muri et y est notée lors de la consécration de l'église du couvent en 1054 de la manière suivante : "Gersouwe per totum" - Gersau dans toute l'étendue de son territoire. Le couvent de Muri dans le Freiamt, fondé en 1027 et supprimé en 1841, était donc le premier seigneur ecclésiastique connu de Gersau. Le monastère avait reçu la ferme de Gersau comme bien de dotation des comtes de Lenzbourg. Les paysans et les pêcheurs de Gersau devaient payer des redevances au couvent de Muri en tant que personnes de la cour et de la maison de Dieu ; poissons, fromage, sérac, moutons, laine, peaux, noix.
En 1483, Ammann et les paroissiens de Gersau achetèrent à ce dernier les droits de seigneurie ecclésiastique, ce qui permit à l'église paroissiale et au bénéfice paroissial d'appartenir aux habitants de Gersau, qui obtinrent en même temps le droit de choisir librement leur paroisse.
Les Lenzbourg et les Habsbourg en tant que seigneurs laïcs
Avec l'extinction des Lenzbourg (1172) et des Kybourg (1264), la puissance domestique des Habsbourg dans la région des lacs de Zoug et des Quatre-Cantons s'est accrue de manière menaçante. L'effondrement du pouvoir royal et le renforcement et l'extension de la puissance des Habsbourg représentaient un danger et une menace importants pour les paysans libres des Waldstätten. L'élection de Rodolphe IV, comte des Habsbourg, à l'empire allemand renforça encore cette menace. La lutte pour l'indépendance contre les Habsbourg a tout d'abord atteint son apogée lors de la bataille de Morgarten (1315), victorieuse pour la Confédération, et lors de l'alliance des trois Waldstätten Uri, Schwyz et Unterwald le 9 décembre 1315 à Brunnen.
Pour Gersau, il y avait à cette époque le risque d'un jeu de gages changeant, car les Habsbourg commandaient en tant que seigneur à Lucerne, à Zoug et justement aussi à Gersau. Gersau, petit joyau insignifiant au bord du lac, a pu être échangé comme gage des Habsbourg jusqu'à ce que les astucieux habitants de Gersau l'encaissent eux-mêmes en 1390.
Gersau en tant que république
Des Landsgemeinde à part entière
Elle a eu lieu au printemps sur la place de l'hôtel de ville. Les électeurs ont élu pour deux ans le Landammann et les huit autres membres du conseil et ont voté sur des affaires concrètes. Lors des votes, le principe est que "ce que fait le plus grand nombre doit être tenu par le plus petit".
Propre plat
L'ammann était le président du tribunal et l'autorité policière suprême, et des "juges jurés" étaient également élus. La désobéissance, la rupture de la paix et les bagarres étaient généralement punies d'une amende de 5 livres. Le tribunal décidait également de la vie ou de la mort. La potence était le signe de cette haute justice.
Droit propre à la ferme et au mariage
Le droit de cour du 28 juin 1436 a organisé la vie libre de la commune :
- La violence la plus élevée se situait à la Landsgemeinde
- Dès l'âge de 14 ans, tous les villageois et paroissiens étaient tenus de participer à la Landsgemeinde ; la non-participation était punie d'une amende de 5 schillings.
- Le landammann était également le juge suprême
- Un fiancé ne pouvait pas laisser plus de la moitié de ses biens à sa fiancée à titre de legs (et inversement).
- Si un Gersois épousait une femme venue d'ailleurs, il devait payer une sorte "d'amende".
Propre coopérative
Le terme de "Genossame" désigne une réglementation typiquement alémanique de l'exploitation des alpages, des prairies, des pâturages et des forêts, qui appartenaient en commun aux citoyens locaux établis de longue date. Les Hof- ou Dorfgenossen de Gersau formaient une sorte de corporation agricole communautaire.
1798
Révolution française. Gersau fait partie de la municipalité de Schwyz et est rattaché au canton de Schwyz en tant que district en 1803.
1814-17
Gersau devient à nouveau une république pour quatre ans.
1815
Congrès de Vienne et traité fédéral
1817
Le 22 juillet 1817, la Diète fédérale a décidé d'unir le village et la région de Gersau au canton de Schwyz.
1818
A partir du 1er janvier, Gersau est désormais définitivement une commune et un district du canton de Schwyz, avec sa propre juridiction et sa souveraineté scolaire.
